Une de mes élèves, très curieuse d’aller plus loin en improvisation, a fait naître une idée qui va donner lieu à une suite d’articles : The pocketbook of Impro.
Tout d’abord, j’explique comment je me sers de l’impro, et à quoi ça sert. Il ne s’agit pas de transformer tous mes élèves en scatteurs fous sur des grilles de hard-bop ! Non, je parle ici d’improvisations “avec consigne”, et la simplicité et la variété des consignes font de cette pratique un jeu infini, seul ou à plusieurs, avec des voix ou des instruments.
La notion de consigne englobe toutes les compétences du chanteur : aspects techniques, expressifs, compétences de mémorisation et de présence, harmonie, rythme et structure, maîtrise du langage, etc.
Le fait d’explorer, d’expérimenter, de prendre la consigne comme un terrain de jeu temporaire et sans danger pour l’ego permet de faire des erreurs, et donc de découvrir au vrai sens du terme, comme les enfants apprennent à marcher ou à parler.
L’expérience accumulée pendant le temps d’improvisation va nourrir la mémoire et le corps, et on sera surpris de retrouver des sentations ou des facilités techniques, à d’autres moment dans la vie du chanteur.
Bénéfices secondaires, mais non négligeables :
– Dans cette démarche, tout improvisateur va rencontrer ses limites, ses blocages ; s’il a enregistré et débrifé avec honnêteté ses impros, il n’a d’autre choix que de reconnaître objectivement ses limites, de se familiariser avec pour les accepter, puis de décider -ou non- de les travailler.
– Au fur et à mesure des impros, on s’aperçoit que l’on fait des choses que l’on pensait impossibles… on progresse. Et si on utilise cela dans un groupe constitué, outre un moyen de se connaitre sur tous les plans, cela peut devenir une véritable méthode d’arrangement et de composition.
Allez, assez de théorie ! Comment ça marche ?
On prend par exemple 1 chanteur et 1 percussionniste avec son instrument. On les assied par terre. On décide d’une consigne, par exemple “style asiatique en mode pentatonique”, ou “ruptures de pulsation”, “variations autour du Do”, ou encore “contrastes entre valeurs longues/voyelles et attaques/consonnes”, et on les laisse démarrer. L’impro peut durer 1 ou 15 minutes, peut se finir dans des éclats de rire ou dans un silence magique. Parfois, on s’ennuie ferme ; alors on explicite les difficultés, on reformule la consigne et on recommence. Parfois on est très étonné du résultat, parfois l’enregistrement révèle des choses que l’on n’avait pas perçues. Ensuite on débriefe, et puis on passe à autre chose.
Voivi un petit enregistrement fait avec deux chanteurs, débutants en percussions, qui avaient pour consigne, avec leurs voix et chacun un instrument, de dialoguer ensemble.
La prochaine fois, je vous parlerai des consignes elles-même, et de comment les organiser.